La myxomatose

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La myxomatose est un virus spécifique au lapin

La myxomatose est une maladie provoquée par un poxvirus (genre leporipoxvirus). Pox est le pluriel de pock, qui signifie pustule en anglais. Cette famille de virus est très répandue dans le monde animal. Le virus de la variole, chez l’homme, est également un poxvirus.

Le virus de la myxomatose touche exclusivement les lapins (sauvages ou domestiques) et les lièvres, du monde entier. Les autres animaux et l’homme ne risquent rien s’ils sont en contact avec le virus.

Les lapins américains et les lièvres peuvent être touchés par la myxomatose, mais ils n’ont presque aucun symptôme de la maladie. Ils en développent une forme légère : la myxomatose amyxomateuse, avec quelques petits myxomes (boules). Ils sont des porteurs sains du virus : ils vivent avec le virus.
Mais nos lapins, de type européen (Oryctolagus cuniculus), ne résistent pas à ce virus et meurent dans la grande majorité des cas. Ils développent une forme grave de la maladie : la myxomatose nodulaire, avec de nombreux myxomes, de plus en plus nombreux.
Dans les deux cas, le virus se multiplie et rend le lapin sensible aux autres maladies (surtout respiratoires) en affaiblissant son système immunitaire.

Le virus est originaire d’Amérique du Sud

Le virus de Sanarelli (du nom de son découvreur, Uruguayen), renommé virus de la myxomatose, est originaire d’Amérique du Sud (Brésil). Les espèces de lapins (non européennes) présentes en Amérique résistent au virus. Elles le portent et le transmettent, mais n’en meurent pas.

Le virus a touché quelques élevages de part le monde qui ont importé des lapins brésiliens pour les élever. Ces lapins ont contaminé des lapins européens, qui en sont morts.

Le virus a par la suite été volontairement utilisé dans différents pays dans l’espoir de limiter les dégâts agricoles et forestiers causés par les lapins de garenne. Mais les lachers de lapins contaminés n’ont jamais eu beaucoup d’effet… jusqu’aux années 1950.

Il a été importé pour limiter la prolifération des lapins sauvages

Au début des années 1950, le virus a été utilisé en Australie pour y arrêter la prolifération des lapins importés de Grande-Bretagne au XIXe siècle (27 lapins relachés dans la nature en 1859, 22 millions 6 ans plus tard). Les lapins n’y ayant pas de prédateurs, ils se répandaient dans tout le pays et menaçaient la faune locale en désertifiant les territoires. L’introduction du renard pour chasser le lapin n’a pas été concluant (il mangeait de préférence la faune locale). La myxomatose a alors été introduite en lachant des dizaines de milliers de lapins contaminés pour venir à bout des envahisseurs.
Le résultat a été très bon au début. En 2 ans, la population est passée de 600 millions à 100 millions. Mais en quelques années le virus s’est montré moins efficace, moins virulent, avec un taux de mortalité inférieur à 50%, car certains lapins ont résisté au virus et se sont reproduits, constituant des populations résistantes au virus. Les lapins sont donc toujours présents en Australie, environ 200 millions.

À la même époque en France, la motivation d’importation du virus a été un peu différente. En 1952 en Eure-et-Loir, un professeur en médecine voyant son jardin et ses cultures menacés par les lapins a voulu les éliminer de sa propriété. Il récupéra donc le virus, à transmission facile et efficace (à l’époque, les chances de survie sont faibles : 99% de mortalité une fois infecté), et l’injecta à un couple qu’il relâcha ensuite.
Le déplacement du couple, puis des colonies de lapins, propagea le virus non seulement dans la propriété, mais sur tout le territoire français puis européen. Des millions de lapins domestiques et de garenne trouvèrent la mort. Les populations de lapins sauvages ont été réduites de 90 à 95 % au cours des années qui ont suivi l’introduction du virus.

La maladie est encore présente sur ces territoires et tue toujours des lapins sauvages ou domestiques.

La contamination se fait surtout en été et en automne, par contact avec le virus

Le virus se transmet par simple contact. Il est très résistant dans le milieu extérieur et à la chaleur (il devient sensible à partir de 60°C). Si votre lapin touche un lapin infecté, un objet ayant été en contact avec un lapin infecté ou se fait piquer par un insecte ayant piqué un lapin infecté, il va attraper le virus. Il faut donc particulièrement faire attention aux sorties dans un jardin (surtout s’il y a des garennes sauvages), aux animaux de la maison (vecteurs de puces), aux tiques, aux petites mouches piqueuses et aux moustiques.
Les insectes piqueurs sont surtout présents durant l’été et l’automne. La majorité des cas se développent durant les mois de juillet à septembre.

Le virus touche aussi bien les lapins nains que les plus gros, qu’ils soient en intérieur ou en extérieur, jeunes ou vieux. Un lapin vivant seul dans appartement en ville peut attraper la myxomatose. Il peut être en contact avec une puce, un moustique, surtout s’il fait une balade estivale en vacances. En Suisse, la majorité des cas de myxomatose ont été recensés en ville (à Bâle).

Le lapin meurt en moins d’un mois, avec des gonflements et des tumeurs

Une fois le lapin infecté, l’incubation dure généralement entre 5 et 12 jours, mais elle peut durer 3 semaines. Ensuite les premiers symptômes apparaissent et la mort intervient en moins d’une semaine.
Les symptômes (les plus caractéristiques) apparaissent sous la forme de myxomes. Les myxomes sont des tumeurs à substance fluide (parfois légèrement solide), visqueuse et translucide. Cette substance est sécrétée par les glandes muqueuses qui sont à l’intérieur des organes creux (intestin, estomac, nez, utérus). C’est donc prioritairement sur tous les organes à muqueuse que l’on verra des myxomes. Les myxomes sont sphèriques, sous la peau, font entre 1 et 5 mm de diamètre et sont roses à violacés.

Les premiers symptômes sont visibles sur les yeux. Ils coulent, les paupières sont inflammées, une conjonctivite apparait, avec du pus. Un gonflement de la tête, une hausse de la température corporelle et une sensibilité à la lumière sont également possibles. Le lapin peut mourir dès ce premier stade. Ceux qui survivent ont les parties génitales qui gonflent, rougissent et s’abiment (nécrose). Les autres muqueuses sont également touchées avec une perte de poils sur le nez et des myxomes sur les oreilles et les lèvres. L’ensemble du corps peut être recouvert de myxomes (plutôt durs), les extrémités des membres peuvent gonfler.
À ce stade le lapin est très faible, il a du mal à respirer, il cesse de s’alimenter et reste prostré dans un coin de sa cage. Il meurt peu de temps après.

Il n’existe pas de traitement, mais un vaccin peut les protéger

Une fois les premiers symptômes apparus, il est déjà trop tard. Il faut tenir le lapin à l’écart des autres lapins (et bien se laver les mains et le matériel pour ne pas contaminer les autres).
Le meilleur moyen de protéger votre lapin de la myxomatose est d’éliminer ou chasser les vecteurs du virus et de le vacciner.

Pour empêcher que le virus touche votre lapin :

  • éliminez les puces, les petites mouches et les moustiques :

– traitez les chiens et chats de la maison pour qu’ils ne donnent pas de puces à votre lapin ;
– traitez votre lapin (avec une poudre adaptée) en cas de puces ou autre parasite ;
– éliminez ou chassez les insectes volants à proximité des cages ;
– ne laissez pas votre lapin dehors quand le soleil se couche, c’est à ce moment que les moustiques sortent.

  • évitez tout contact avec un autre lapin :

– nettoyez-vous les mains avant de caresser votre lapin si vous caressez un autre lapin ;
– ne laissez pas un lapin approcher le votre sans avoir respecté une période de quarantaine (au moins une semaine à l’écart) ;
– ne lachez pas votre lapin dans votre jardin s’il y a des garennes sauvages.

Il existe également des vaccins qui protègent les lapins contre ce virus. Il nécessite des rappels ( à faire tous les 4, 6 ou 12 mois selon le vaccin utilisé) pour protéger correctement votre lapin.
Il est primordial que le vaccin soit actif pendant la période d’activité des insectes piqueurs. La vaccination du printemps (en avril-mai) est donc indispensable.
Le vaccin doit être fait sur un lapin en pleine forme, non gestant, allaitant ou malade.
Il peut avoir des effets secondaires et faire une petite tumeur au point d’injection. Cette tumeur n’est pas dangereuse et disparait en quelques semaines.

En France, plusieurs marques de vaccins sont autorisées et utilisées pour protéger les lapins domestiques d’élevage ou de compagnie. Mais ce n’est pas le cas dans tous les pays. En Suisse, aucun vaccin n’est enregistré et autorisé.